Ici à Grand-Pré, comme ailleurs en Acadie, les Acadiens ont établi leurs colonies pour tirer profit des marais salins potentiellement fertiles. En fait, aucun autre peuple en Amérique du Nord n'a développé de communautés agricoles aussi importantes que les Acadiens en transformant les zones intertidales à l'aide de la technologie de l'aboiteau.
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L’excellence en agriculture |
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Une fertilité naturelle
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La baie de Fundy est un écosystème extraordinaire : hautement complexe et des plus productifs. Toutes les eaux côtières et les estuaires ont tendance à être biologiquement très riches, en raison de leur proximité avec la terre qui leur fournit une source constante de nutriments. De plus, comme ces eaux sont peu profondes, la lumière et les nutriments y sont présents pour soutenir la croissance de plantes et fournir un vaste éventail d’habitats pour toutes sortes d’espèces.
Au fond de la baie, dans le bassin des Mines, les marées imposantes engendrent un tout autre écosystème, là où les eaux sont troubles en raison du limon et des particules d’argile maintenus en suspension par l’action des marées. Il y a peu de production biologique dans l’eau, mais, dans les vastes zones intertidales exposées à marée basse, le phytoplancton et les marais salins y sont florissants. Soutenus par l’approvisionnement constant en sédiments et alimentés par la marée montante qui charrie avec elle une réserve constante d’éléments nutritifs, la zone intertidale est plus vaste dans le bassin des Mines, si bien qu’elle continue de s’élever au gré de l’augmentation du niveau de la mer. Le marais de la baie de Fundy est donc parmi les plus riches de tout l’hémisphère Nord. Ensemble le marais et les vasières fournissent une prodigieuse aire d’alimentation qui attire des millions de poissons et d’oiseaux.
Pendant la majeure partie des 4000 années où le bassin des Mines a été assujetti à l’action des marées, il y a eu en bordure du bassin des marais salins qui se sont constamment bâtis, croissant en hauteur au rythme de l’élévation du niveau de la mer. Cette augmentation en hauteur résulte du captage des sédiments par les plantes du marais et leur absorption des éléments nutritifs transportés par les marées deux fois par jour. Un marais salin typique de la baie de Fundy représente ainsi une accumulation de milliers d’années de production biologique : les racines des plantes, les sédiments et les éléments nutritifs ont été entreposés dans le marais sur une durée géologique, ce qui a pour conséquence de produire une accumulation de sol extrêmement fertile.
Avec l’arrivée des colons acadiens et l’endiguement de certains de ces marais par la construction de digues, cette fertilité était alors disponible pour l’agriculture. En effet, la couche arable mesure en moyenne quatre mètres et demi de profondeur. Même si le dessalage du sol constitue une opération extrêmement difficile en raison de la faible perméabilité des sédiments, les fermiers ont réussi à faire pousser des cultures formées essentiellement de graminées au système radiculaire peu profond. Avant la venue des colons acadiens, l’utilisation humaine des richesses de la baie de Fundy se faisait surtout par la capture de vie animale — fruits de mer, poissons, oiseaux et mammifères.
Dans la période ayant tout juste précédé l’établissement à Grand-Pré des premiers Acadiens, les parties les plus basses de ce qui est maintenant le marais de Grand-Pré étaient recouvertes d’eau de mer deux fois par jour. Les secteurs plus en hauteur n’étaient touchés que pendant les très grandes marées. À la marée basse, se révélait un très grand marais salin comprenant plus de 1 000 hectares d’herbes du marais qui était sillonné par des ruisseaux de drainage des eaux de marée. Ce marais luxuriant abritait une riche vie marine et estuarienne.
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De marais salin à terres agricoles |
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À Grand-Pré comme ailleurs en Acadie, les Acadiens se sont établis là où ils pouvaient tirer parti des riches terres d’alluvions. En fait, ils sont les seuls en Amérique du Nord qui ont réussi à transformer les zones intertidales de façon aussi intensive grâce à la technique des aboiteaux en vue d’y fonder des établissements agricoles.
Pendant les quelque soixante-dix années qui ont précédé la Déportation, les Acadiens de Grand-Pré ont transformé ensemble ce vaste marais salin pour lui donner l’apparence du « Grand-Pré » qui s’étend devant vous. Ils ont eu recours au système d’aboiteau, une technique européenne d’aménagement des zones humides qu’ils ont adaptée à leur environnement. Une fois endigué et dessalé par l’eau de pluie, ce terrain alluvial s’est transformé en sol très fécond faisant de Grand-Pré le "grenier de l’Acadie"
Pendant les quelque soixante-dix années qui ont précédé la Déportation, les Acadiens de Grand-Pré ont transformé ensemble ce vaste marais salin pour lui donner l’apparence du « Grand-Pré » qui s’étend devant vous. Ils ont eu recours au système d’aboiteau, une technique européenne d’aménagement des zones humides qu’ils ont adaptée à leur environnement. Une fois endigué et dessalé par l’eau de pluie, ce terrain alluvial s’est transformé en sol très fécond faisant de Grand-Pré le "grenier de l’Acadie"
(Figure 2-28) La carte du biologiste et historien Sherman Bleakney des dykelands de Grand-Pré indique la séquence de l'endiguement.
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Paysages non naturels
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UN PROJET DE RONALD RUDIN RÉALISÉ PAR BERNAR HÉBERT
Le film Des paysages remaniés emmène le spectateur dans un voyage à travers 32 000 hectares de marais dans les provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.
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