Avant l’arrivée des Acadiens :
les plus hautes marées au monde, un environnement des plus fertiles et les Mi’kmaqs
Les plus hautes marées au monde
Après le retrait des glaciers au cours de la dernière grande ère glaciaire (il y a de cela environ 14 000 ans), les niveaux de l’eau sur la planète se sont mis à augmenter. Les eaux des rivières s’écoulant de la terre nouvellement émergée des glaces ont commencé à entraîner les sédiments dans leur sillage. Dans l’Est du Canada, ces sédiments ont tapissé le fond de la baie de Fundy. À cette époque, le bassin des Mines était un lac d’eau douce ou saumâtre peu profond, et les bancs Georges et Browns, à l’entrée de la baie de Fundy, faisaient partie de la terre ferme. Avec l’augmentation croissante du niveau de la mer, le banc Georges a été submergé, et de plus en plus d’eau a afflué dans la baie de Fundy. Il y a de cela 4 000 ans, l’amplitude des marées dans le bassin des Mines était seulement de 1 à 1,5 mètre (3,2 à 4,9 pieds), mais avec le temps, le marnage s’est constamment amplifié pour atteindre une moyenne de 12 mètres (39 pieds) dans le bassin des Mines, de 11,61 mètres (38 pieds) à Grand-Pré et un maximum de plus de 16 mètres (52,5 pieds), c’est-à-dire les plus hautes marées enregistrées au monde.
C’est dans le bassin des Mines que l’on retrouve les marées aux plus grandes amplitudes et la plus vaste étendue de zone intertidale au monde. Deux fois par jour, pendant le cycle des marées, 100 milliards de tonnes d’eau de mer se déversent dans le bassin des Mines à marée haute et en sont évacuées à marée basse. Voilà plus d’eau que le flux combiné de toutes les rivières du monde.
Après le retrait des glaciers au cours de la dernière grande ère glaciaire (il y a de cela environ 14 000 ans), les niveaux de l’eau sur la planète se sont mis à augmenter. Les eaux des rivières s’écoulant de la terre nouvellement émergée des glaces ont commencé à entraîner les sédiments dans leur sillage. Dans l’Est du Canada, ces sédiments ont tapissé le fond de la baie de Fundy. À cette époque, le bassin des Mines était un lac d’eau douce ou saumâtre peu profond, et les bancs Georges et Browns, à l’entrée de la baie de Fundy, faisaient partie de la terre ferme. Avec l’augmentation croissante du niveau de la mer, le banc Georges a été submergé, et de plus en plus d’eau a afflué dans la baie de Fundy. Il y a de cela 4 000 ans, l’amplitude des marées dans le bassin des Mines était seulement de 1 à 1,5 mètre (3,2 à 4,9 pieds), mais avec le temps, le marnage s’est constamment amplifié pour atteindre une moyenne de 12 mètres (39 pieds) dans le bassin des Mines, de 11,61 mètres (38 pieds) à Grand-Pré et un maximum de plus de 16 mètres (52,5 pieds), c’est-à-dire les plus hautes marées enregistrées au monde.
C’est dans le bassin des Mines que l’on retrouve les marées aux plus grandes amplitudes et la plus vaste étendue de zone intertidale au monde. Deux fois par jour, pendant le cycle des marées, 100 milliards de tonnes d’eau de mer se déversent dans le bassin des Mines à marée haute et en sont évacuées à marée basse. Voilà plus d’eau que le flux combiné de toutes les rivières du monde.
Une fertilité naturelle
La baie de Fundy est un écosystème extraordinaire : hautement complexe et des plus productifs. Toutes les eaux côtières et les estuaires ont tendance à être biologiquement très riches, en raison de leur proximité avec la terre qui leur fournit une source constante de nutriments. De plus, comme ces eaux sont peu profondes, la lumière et les nutriments y sont présents pour soutenir la croissance de plantes et fournir un vaste éventail d’habitats pour toutes sortes d’espèces. Dans la baie de Fundy, ces attributs naturels sont rehaussés par les très grandes marées. Celles-ci créent à l’embouchure de la baie des zones ascendantes d’eau froide, riche en éléments nutritifs, qui remonte à la surface où il y a de la lumière afin de favoriser la croissance du phytoplancton. Voilà la base d’une chaîne alimentaire fort productive qui soutient un très grand nombre d’organismes allant du plancton aux baleines. C’est aussi l’une des principales raisons pour lesquelles d’innombrables espèces de poissons, d’oiseaux et de mammifères migrent chaque année à la baie de Fundy pour s’y nourrir.
Au fond de la baie, dans le bassin des Mines, les marées imposan- tes engendrent un tout autre écosystème, là où les eaux sont troubles en raison du limon et des particules d’argile maintenus en suspension par l’action des marées. Il y a peu de production biologique dans l’eau, mais, dans les vastes zones intertidales exposées à marée basse, le phytoplancton et les marais salins y sont florissants. Soutenus par l’approvisionnement constant en sédiments et alimentés par la marée montante qui charrie avec elle une réserve constante d’éléments nutritifs, la zone intertidale est plus vaste dans le bassin des Mines, si bien qu’elle continue de s’élever au gré de l’augmentation du niveau de la mer. Le marais de la baie de Fundy est donc parmi les plus riches de tout l’hémisphère Nord. Ensemble le marais et les vasières fournissent une prodigieuse aire d’alimentation qui attire des millions de poissons et d’oiseaux.
Pendant la majeure partie des 4000 années où le bassin des Mines a été assujetti à l’action des marées, il y a eu en bordure du bassin des marais salins qui se sont constamment bâtis, croissant en hauteur au rythme de l’élévation du niveau de la mer. Cette augmentation en hauteur résulte du captage des sédiments par les plantes du marais et leur absorption des éléments nutritifs transportés par les marées deux fois par jour. Un marais salin typique de la baie de Fundy représente ainsi une accumulation de milliers d’années de production biologique : les racines des plantes, les sédiments et les éléments nutritifs ont été entreposés dans le marais sur une durée géologique, ce qui a pour conséquence de produire une accumulation de sol extrêmement fertile. Avec l’arrivée des colons acadiens et l’endiguement de certains de ces marais par la construction de digues, cette fertilité était alors disponible pour l’agriculture. En effet, la couche arable mesure en moyenne quatre mètres et demi de profondeur. Même si le dessalage du sol constitue une opération extrêmement difficile en raison de la faible perméabilité des sédiments, les fermiers ont réussi à faire pousser des cultures formées essentiellement de graminées au système radiculaire peu profond. Avant la venue des colons acadiens, l’utilisation humaine des richesses de la baie de Fundy se faisait surtout par la capture de vie animale — fruits de mer, poissons, oiseaux et mammifères.
Dans la période ayant tout juste précédé l’établissement à Grand-Pré des premiers Acadiens, les parties les plus basses de ce qui est maintenant le marais de Grand-Pré étaient recouvertes d’eau de mer deux fois par jour. Les secteurs plus en hauteur n’étaient touchés que pendant les très grandes marées. À la marée basse, se révélait un très grand marais salin comprenant plus de 1 000 hectares d’herbes du marais qui était sillonné par des ruisseaux de drainage des eaux de marée. Ce marais luxuriant abritait une riche vie marine et estuarienne.
La baie de Fundy est un écosystème extraordinaire : hautement complexe et des plus productifs. Toutes les eaux côtières et les estuaires ont tendance à être biologiquement très riches, en raison de leur proximité avec la terre qui leur fournit une source constante de nutriments. De plus, comme ces eaux sont peu profondes, la lumière et les nutriments y sont présents pour soutenir la croissance de plantes et fournir un vaste éventail d’habitats pour toutes sortes d’espèces. Dans la baie de Fundy, ces attributs naturels sont rehaussés par les très grandes marées. Celles-ci créent à l’embouchure de la baie des zones ascendantes d’eau froide, riche en éléments nutritifs, qui remonte à la surface où il y a de la lumière afin de favoriser la croissance du phytoplancton. Voilà la base d’une chaîne alimentaire fort productive qui soutient un très grand nombre d’organismes allant du plancton aux baleines. C’est aussi l’une des principales raisons pour lesquelles d’innombrables espèces de poissons, d’oiseaux et de mammifères migrent chaque année à la baie de Fundy pour s’y nourrir.
Au fond de la baie, dans le bassin des Mines, les marées imposan- tes engendrent un tout autre écosystème, là où les eaux sont troubles en raison du limon et des particules d’argile maintenus en suspension par l’action des marées. Il y a peu de production biologique dans l’eau, mais, dans les vastes zones intertidales exposées à marée basse, le phytoplancton et les marais salins y sont florissants. Soutenus par l’approvisionnement constant en sédiments et alimentés par la marée montante qui charrie avec elle une réserve constante d’éléments nutritifs, la zone intertidale est plus vaste dans le bassin des Mines, si bien qu’elle continue de s’élever au gré de l’augmentation du niveau de la mer. Le marais de la baie de Fundy est donc parmi les plus riches de tout l’hémisphère Nord. Ensemble le marais et les vasières fournissent une prodigieuse aire d’alimentation qui attire des millions de poissons et d’oiseaux.
Pendant la majeure partie des 4000 années où le bassin des Mines a été assujetti à l’action des marées, il y a eu en bordure du bassin des marais salins qui se sont constamment bâtis, croissant en hauteur au rythme de l’élévation du niveau de la mer. Cette augmentation en hauteur résulte du captage des sédiments par les plantes du marais et leur absorption des éléments nutritifs transportés par les marées deux fois par jour. Un marais salin typique de la baie de Fundy représente ainsi une accumulation de milliers d’années de production biologique : les racines des plantes, les sédiments et les éléments nutritifs ont été entreposés dans le marais sur une durée géologique, ce qui a pour conséquence de produire une accumulation de sol extrêmement fertile. Avec l’arrivée des colons acadiens et l’endiguement de certains de ces marais par la construction de digues, cette fertilité était alors disponible pour l’agriculture. En effet, la couche arable mesure en moyenne quatre mètres et demi de profondeur. Même si le dessalage du sol constitue une opération extrêmement difficile en raison de la faible perméabilité des sédiments, les fermiers ont réussi à faire pousser des cultures formées essentiellement de graminées au système radiculaire peu profond. Avant la venue des colons acadiens, l’utilisation humaine des richesses de la baie de Fundy se faisait surtout par la capture de vie animale — fruits de mer, poissons, oiseaux et mammifères.
Dans la période ayant tout juste précédé l’établissement à Grand-Pré des premiers Acadiens, les parties les plus basses de ce qui est maintenant le marais de Grand-Pré étaient recouvertes d’eau de mer deux fois par jour. Les secteurs plus en hauteur n’étaient touchés que pendant les très grandes marées. À la marée basse, se révélait un très grand marais salin comprenant plus de 1 000 hectares d’herbes du marais qui était sillonné par des ruisseaux de drainage des eaux de marée. Ce marais luxuriant abritait une riche vie marine et estuarienne.
Le premier peuple : les Mi’kmaqs
Pendant des millénaires avant l’arrivée des Européens dans le Nord- Est de l’Amérique du Nord, les Mi’kmaqs, le peuple autochtone de la Nouvelle-Écosse, vivaient, chassaient et pêchaient dans des parties des provinces Maritimes et de la péninsule de la Gaspésie au Québec, dans une région connue sous le nom collectif de Mi’kma’ki. Le district particulier qui abrite les rives du bassin des Mines et Grand-Pré était connu sous le nom de Sipekni’katik par lequel les Mi’kmaqs le désignent encore aujourd’hui.
Leur présence sur le territoire plus vaste est confirmée par des sources traditionnelles, archéologiques et ethnographiques. La découverte archéologique en 2009 d’une gouge de pierre, vieille de 4000 ans, à Horton Landing nous fournit la plus ancienne date d’occupation de la région par les ancêtres des Mi’kmaqs. En effet, le bassin des Mines occupe une place de premier plan dans l’histoire, les légendes et la spiritualité des Mi’kmaqs, en particulier le cap Blomidon qui, depuis des siècles, est l’élément le plus proéminent du paysage dans la grande région de Grand-Pré. Le cap Blomidon est donc le cadre des légendes de Glouscap — le héros mi’kmaq le plus important — Glouscap et la baleine, la bataille de Glouscap avec le castor, et Glouscap et le lièvre paresseux. Ces légendes, comme bien d’autres, confirment l’importance du bassin des Mines et des terres environnantes pour le peuple mi’kmaq.
Des preuves archéologiques et ethnographiques confirment que les Mi’kmaqs avaient des établissements dans la région, en particulier dans l’île Oak (voir Carte 2) située tout près, dans le hameau Melanson le long de la rivière Gaspereau et à Horton Landing. Leur présence pendant des millénaires dans la région est donc attestée. Parmi les nombreux sites mi’kmaqs importants dans la région de Grand-Pré, notons un lieu de sépulture dans l’île Oak. Le bassin des Mines était le théâtre d’un réseau d’échanges commerciaux par lequel arrivait dans la région la chaille, une pierre semblable au silex ou à la pierre à feu, avec laquelle les Mi’kmaqs fabriquaient des outils ou par lequel réseau ils pouvaient aussi exporter pierres et produits de la mer.
Traditionnellement les Mi’kmaqs récoltaient tout un éventail de ressources dans les environnements estuariens comme celui qui existait à Grand-Pré : sauvagine, poisson, coquillages, mammifères marins et plantes médicinales. Il est presque certain que les Mi’kmaqs prenaient de la région — du moins sur une base saisonnière — les ressources dont ils avaient besoin, notamment certaines espèces de poissons abondantes dans les eaux locales et des oiseaux migrateurs lorsque d’énormes volées d’oiseaux faisaient halte pour se reposer et se repaître de nourriture.
Pendant des millénaires avant l’arrivée des Européens dans le Nord- Est de l’Amérique du Nord, les Mi’kmaqs, le peuple autochtone de la Nouvelle-Écosse, vivaient, chassaient et pêchaient dans des parties des provinces Maritimes et de la péninsule de la Gaspésie au Québec, dans une région connue sous le nom collectif de Mi’kma’ki. Le district particulier qui abrite les rives du bassin des Mines et Grand-Pré était connu sous le nom de Sipekni’katik par lequel les Mi’kmaqs le désignent encore aujourd’hui.
Leur présence sur le territoire plus vaste est confirmée par des sources traditionnelles, archéologiques et ethnographiques. La découverte archéologique en 2009 d’une gouge de pierre, vieille de 4000 ans, à Horton Landing nous fournit la plus ancienne date d’occupation de la région par les ancêtres des Mi’kmaqs. En effet, le bassin des Mines occupe une place de premier plan dans l’histoire, les légendes et la spiritualité des Mi’kmaqs, en particulier le cap Blomidon qui, depuis des siècles, est l’élément le plus proéminent du paysage dans la grande région de Grand-Pré. Le cap Blomidon est donc le cadre des légendes de Glouscap — le héros mi’kmaq le plus important — Glouscap et la baleine, la bataille de Glouscap avec le castor, et Glouscap et le lièvre paresseux. Ces légendes, comme bien d’autres, confirment l’importance du bassin des Mines et des terres environnantes pour le peuple mi’kmaq.
Des preuves archéologiques et ethnographiques confirment que les Mi’kmaqs avaient des établissements dans la région, en particulier dans l’île Oak (voir Carte 2) située tout près, dans le hameau Melanson le long de la rivière Gaspereau et à Horton Landing. Leur présence pendant des millénaires dans la région est donc attestée. Parmi les nombreux sites mi’kmaqs importants dans la région de Grand-Pré, notons un lieu de sépulture dans l’île Oak. Le bassin des Mines était le théâtre d’un réseau d’échanges commerciaux par lequel arrivait dans la région la chaille, une pierre semblable au silex ou à la pierre à feu, avec laquelle les Mi’kmaqs fabriquaient des outils ou par lequel réseau ils pouvaient aussi exporter pierres et produits de la mer.
Traditionnellement les Mi’kmaqs récoltaient tout un éventail de ressources dans les environnements estuariens comme celui qui existait à Grand-Pré : sauvagine, poisson, coquillages, mammifères marins et plantes médicinales. Il est presque certain que les Mi’kmaqs prenaient de la région — du moins sur une base saisonnière — les ressources dont ils avaient besoin, notamment certaines espèces de poissons abondantes dans les eaux locales et des oiseaux migrateurs lorsque d’énormes volées d’oiseaux faisaient halte pour se reposer et se repaître de nourriture.